Le mot de la fin

Quand je vois du pain jeté à la poubelle, ça me donne envie de pleurer. Je me souviens à Montréal de ces sandwiches entiers, encore emballés, que nous avons distribués aux «petits-suisses» en maraude dans les parages. C’était, il y a près de quarante ans, notre première confrontation avec la société du gaspillage. Quelqu’un a parlé un jour de civilisation du gaspillage. Non, ce n’est pas une civilisation! Tout au plus une barbarie.

Quand j’étais gosse, j’avais un jour, pris par le jeu, oublié dans un coin du jardin ma tranche de pain des quatre-heures. Mon père s’en était aperçu et m’avait appelé. Prenant une voix digne du tonnerre dans Les Dix Commandements, il m’avait appris la gravité de ce que j’avais fait. Cette fin d’après-midi là, j’ai appris et retenu le onzième commandement: «Tu ne dois pas mépriser le pain.» Des bonbons, du chocolat, qui étaient des denrées rares, ce n’aurait pas été grave, mais le pain quotidien, ça, oui, ça l’était.

Lui et ma